37


Gil et Dom

Credo du Raboliot Dom :  j’ai toujours aimé marcher, mais surtout en montagne et plus particulièrement dans les Alpes. Est-ce l’altitude, la sensation de liberté, le besoin et la possibilité d’aller toujours plus haut, de sentir mon corps vivre et répondre parfaitement à mes désirs ? Est-ce l’émerveillement que procure le paysage aussi grandiose que sont petites les fleurs le long du chemin, la conscience aiguë du monde environnant et le sentiment de puissante résonance avec lui ? Est-ce le ciel pur, différent chaque jour, ses couleurs irréelles le soir et ses étoiles la nuit qui me semblent si proches que je pourrais les toucher ? Est-ce les souvenirs qui reviennent de mes vacances d’enfance en Savoie, des balades avec Gilles et les enfants ? Avoir l’esprit libre pour penser, accorder ma conscience à un rythme plus calme, sans parasite aucun, ébrouée de tous mes soucis, se dire, je peux encore le faire, la vie est belle et je suis si bien accompagnée. Je sens qu’en Gilles, le même désir est là, avec ses raisons à lui, mais nous sommes tous les deux avec la même envie et le plaisir est double. « Pour être heureux, il faut penser au bonheur d’un autre » (Gaston Bachelard).
Cette voie Francigena, Gilles m’en avait parlé avec ferveur il y a quelques temps et je crois qu’il l’avait un peu oubliée, mais moi, j’avais bien entendu, enfin, j’avais entendu la voie de Saint François « Homme Libre » , car c’est un homme qu’il apprécie beaucoup. Je lui ai offert un livre avec la voie que je pensais être celle de Saint-François. Résultat, il s’est enflammé, comme toujours quand il aime, ça devient vite passionnel et c’est génial. Pour toutes ces raisons, j’ai envie de marcher sur la voie Francigena et de le faire maintenant, car je suis bien consciente de la fragilité de la vie. Bien sûr, traverser une partie de l’Italie, ça va compter pour moi, j’ai un faible pour les Italiens, leur langue et leur pays, encore des souvenirs d’enfance… Et croiser des gens sur la route, qu’ils soient d’Italie ou d’ailleurs, échanger deux mots ou aller plus loin, ça me fait rêver. « Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue, Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien ! Mais l’amour infini me montera dans l’âme, Et j’irais loin, bien loin, comme un bohémien, Par la nature, heureux comme avec une femme. » (Arthur Rimbaud, 1870). 


Dominique


Credo du Raboliot Gil : le Chemin de Rome, par la voie Francigena … une attirance depuis quelques années, une envie de vivre autre chose de manière soutenue !
Pourquoi ? Une question à laquelle il est très difficile de répondre puisque la réponse est plus du domaine de l’instinct que de la raison. C’est comme un appel, une invitation au voyage. Rien de mystique dans ce ressenti, mais tout de même une pulsion qui vient de l’intérieur, du fond des âges, une incitation qui nous fait signe, une invite qui nous met en chemin, une voix qui nous porte sur la voie … L’Italie est un pays qui m’a toujours attiré, disons-le qui m’a toujours séduit. La Mecque des artistes. Le pays de Dante, Boccace, Giotto, Michel-Ange, Bellini, Verdi, Vivaldi, plus proche de nous Caruso, Maria Callas, Pavarotti, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Dario Fo, Franca Rame, Pipo Del Bono, et j’en passe, et j’en passe… que des artistes dont les œuvres me séduisent et m’ont toujours inspiré. L’Italie pour sa beauté, la richesse de son passé, de ses monuments, sa douceur de vivre, la sympathie si souvent exagérée des Italiens et de leur langue si savoureuse, si chantée qu’à elle seule on dirait un opéra. L’Italie terre de François d’Assise, ce libertaire… J’ai en tête le traitement que l’Église médiévale a fait du cas François d’Assise, alors que son humilité lui fait rejeter le principe même du pouvoir ecclésiastique, il emploie le terme resignare… et rentre dans le rang. Comme la route de Compostelle, le Chemin de Rome est un chemin qui a un sens, sens historique, mille deux cents ans d’histoire, mille deux cents ans que des gens de toutes catégories sociales l’empruntent et y méditent sur la condition humaine. La via Francigena est une alternative aux autoroutes du pèlerinage.
Malgré tout, c’est un carrefour multi-pays, d’hommes et de femmes, qui marchent pour la paix entre les peuples. Marcher sur la Via Francigena, c’est en toute modestie, marcher sur les pas de tous ces pèlerins, Pellegrini, qui l’ont fréquentée dans un but de repentance de toutes les bêtises humaines, dans un but d’humanisme et de réflexion sur leurs semblables.
Parcourir ce chemin, c’est se retrouver seul à seul avec soi et avoir un regard tranquille, un cheminement intérieur sur son propre chemin de vie. Épouser ce chemin, avec Dominique, compagne de ma vie, c’est avancer d’en un environnement qui se prête à la réflexion, à la discussion, sur l’Œuvre de notre Vie de couple et puis… observer, s’interroger, s’expliquer le Monde, avec le recul que permet cette démarche. Comme le dit l’adage, " ne faut-il pas balayer devant sa porte avant de s’occuper des affaires du monde ? "

Gilles


PAGE PRECEDENTE          FORMULAIRE D'ENVOI         TABLE DES MATIERES         COMMENTAIRES RECENTS         PAGE SUIVANTE