Chaque
jour, à l’occasion du déplacement bref autorisé en période de
confinement, j’ai ramassé un petit galet près de la plage de
Saint-Paul. Contrairement au petit Poucet qui laissait tomber des
cailloux blancs pour retrouver le chemin de la maison familiale, je
trouvais amusant de ramasser cet objet solitaire pour l’emporter dans
mon appartement vide. Chaque nuit, j'ai peint le galet collecté le jour même. Les galets ont fini par s’accumuler dans ce qui est devenu un calendrier intime, une sorte d’éphéméride minéral. Quand l’idée de la mort, et la conscience de notre fragilité d’êtres vivants, s’imposaient à tous avec évidence, ces cailloux indestructibles m’ont permis de croire à une illusoire éternité, et à un possible recommencement.
Olivier Guillot |