Le
sentier descend vers les rives de la Creuse et du barrage d'Eguzon,
bien ombragé, bien fléché. Voilà une balade bucolique où nous prenons
garde de ne pas troubler la vigilance de pêcheurs matinaux. A cette
heure matinale, la fraîcheur est vivace. Pierre s'étant arrêté, je
l'attends dans un coin bien ensolleillé. Nous extrayant de la vallée de
la Creuse pour atteindre le plateau, nous arrivons à Eguzon, gros bourg
où nous nous ravitaillons copieusement. Nous pique-niquons dans le
petit parc jouxtant la mairie. Sans que rien ne se passe et ne s'offre
à nos regards, nous cheminons d'un pas alerte atteignant Crozant, et
là, en l'espace d'un instant, nous arrivons en 1950 dans une France
engourdie, léthargique. La brave dame qui accueille les pèlerins à
l'entrée du bourg dit ne pas avoir vu de pèlerins depuis dix jours.
Quel mérite, brave dame, toute la journée dans votre petite guérite
pour percevoir le modeste droit d'entrée ! Michel Cuenot |