Je me souviens de l’aide, des intentions bienveillantes des marcheurs en chemin. Je me souviens avoir donné une de mes paires de chaussettes à un jeune qui en avait besoin. Mes interminables discussions avec les fleurs, les arbres, un escargot, le flot de l’eau. Le chant des soirées, des pas sur les sentiers, le chant des animaux et des oiseaux. Je me souviens d’un air de guitare, un soir, dans le partage d’un repas confectionné de restes. Le mélange des confessions quand bouddha écoute la lecture des accords toltèques par le Christ. De la voix douce des amis, des rencontres qui marquent une vie, parfois le regard triste. Je me souviens d’avoir chanté, d’avoir parlé, d’entendre et d’écouter, d’avoir prié. Marchant dans les pas des autres, dans les pas de l’apôtre depuis des siècles tous unis. Vers Compostelle et puis le phare, sortir du noir et du brouillard, pour illuminer nos vies. Je me souviens de la bière et du vin qui lient les destins sans faire de drame. Des départs le matin sous la lune et les étoiles, du parfum des fleurs, de l’herbe, du thym. D’être parti athée, obnubilé par l’arrivée, et transformé par le chemin, d’être devenu pèlerin.
Laurent Sivré |