Je profite du confinement pour faire tout ce que j'ai à faire et j'ai l'impression d'être débordé !
J'ai
la chance de ne pas être confiné en appartement, mais chez moi, dans la
campagne sarthoise où se situe notre maison et son très grand terrain.
La
voie du pèlerin est une règle de vie et l'on
n’arrête jamais de cheminer, au sens propre comme au figuré, tant qu'on
en a les capacités. J'ai donc terminé le Saint-Jacques, par étapes, cet
été et entrepris dans la foulée le pèlerinage de Rome, je suis parti de
chez moi. Pour l'instant je suis allé jusqu'à Paris par Chartres et je
compte rejoindre (j'espère cet été) la via Francigena à Reims.
Si,
sur les chemins, l'ouvrage principal du pèlerin est de mettre un pied
devant l'autre, ici il s’agit de m'occuper de mes enfants : apprendre à
ma fille à lire et écrire, partager les émotions de mon fils lors de
l'anniversaire de ses 3 ans ... C’est aussi beaucoup s’occuper de la
maison: bêcher motte après motte, mettre une tuile sur l'autre, tondre,
tronçonner, empiler les bûches l'une après l'autre, tailler les haies
branche après branche... pas après pas, en pèlerin, je continue à
pérégriner. Sans y parvenir à cause de mon indiscipline latente,
j'essaye de tendre vers la spiritualité par l'effort et le travail,
chers à Saint-Benoît. De nombreux chemins mènent à la voie du pèlerin.
Néanmoins, j'entends toujours l'appel du chemin physique.
Je terminerai avec une citation d'Henry Corbin dans l'Iran et la philosophie :
Être
un philosophe, c’est prendre la route, parce que ce n’est pas se
contenter d’une théorie sur le monde, pas même d’une réforme ou d’une
illusoire transformation des conditions de ce monde. C’est viser à la
transformation de soi-même, à la métamorphose intérieure que désigne le
terme de nouvelle naissance ou de naissance spirituelle […]. L’aventure
du philosophe mystique est essentiellement désignée comme un voyage, une
marche vers la Lumière ...
Eudes Herbé |