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Le pont des Pèlerins, à Estella

Pèlerins


De l’Auvergne profonde aux fières Pyrénées,
A travers les prairies d’un Aubrac enchanté,
Par les lisières, les méandres, les champs, les prés,
Par les routes et les villes, nous avons cheminé.
Ne craignant pas la pluie, redoutant le retour,
En route vers l’étoile, avancer, contempler,
Parcourant le pays en rêvant tout le jour
De retenir le temps, de cheminer, toujours.
Depuis Conques la belle, en passant par Cahors
Tant de coquets villages, de rencontres précieuses
Nous conduisirent heureux à Saint Jean Pied de Port
Pour franchir la frontière des montagnes brumeuses.
En Navarre, en Castille, ce fut alors l’Espagne,
Éblouissante et rouge qui offrit ses trésors.
Souvent quand la torpeur endormait la campagne,
Nous restions en l’église fascinés par ses ors.
Quand au bout du chemin nous entrâmes en Galice,
Parmi une colonne en marche vers Compostelle
Imaginant la fin de nos instants complices
Ce fut l’embrasement des émotions fidèles.
Jusqu’à Santiago, compagnons pèlerins,
Nos cailloux sur les croix, nous avons déposé,
Nos fatigues, nos joies, nos émois incertains
Près de la cathédrale, offerts, abandonnés.
Reprendrons-nous un jour le sac et le bâton
Vagabonds de la lune, indomptables rêveurs ?
En quête de lumière, en scrutant l’horizon,
Saurons-nous proclamer l’hommage à la lenteur ?


Liliane Fauriac



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