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Dessin d'Esthel Julien

Sur le chemin, ce que l’on ressent le plus, c’est de l’émotion, il y a des  évènements qui paraissent anodins mais qui sont vécus comme un don ou un signe du ciel : quand un riverain du chemin vous amène des tomates ou des figues simplement pour vous faire plaisir, vous ressentez une certaine joie. Quand vous parlez à sœur Florence Marie, de Moissac, de vos angoisses et qu’elle vous écoute et vous rassure, c’est aussi un grand moment. Quand je suis rentré dans la petite église de Louvigny et qu’une messe était en cours avec seulement deux personnes, et que le curé, après m’avoir demandé si j’étais pèlerin, a demandé à ses deux fidèles de me chanter le chant du pèlerin, c’est encore un moment très fort. Quand Dominik le Québécois m’a confié la pierre que lui avait confiée sa mère, on se sent investi d’une mission qui vous pousse en avant. Quand vous déposez cette même pierre au pied de la Croix de Fer, les larmes vous viennent et vous êtes fier de l’avoir fait. Quand, pour une raison ou une autre, un de vos compagnons vous quitte, c’est toujours une grosse émotion. Quand vous rentrez dans la cathédrale de Santiago, quand vous voyez pour la première fois la mer après deux mois et demi, quand vous arrivez à Finisterre et que vous réalisez que c’est presque fini ...


Dominique Tissot-Charlod


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