J’ai
préparé mon pèlerinage, je l’ai fait et je l’ai raconté. Je peux
maintenant réfléchir sur mon expérience. Je ne suis pas allé
faire une balade à Compostelle pour faire un voyage touristique. J’y
suis allé dans l’intention de redécouvrir ma foi. Je voulais tirer un
trait sur les valeurs hyper matérielles du monde dans lequel je vis,
pour me donner la chance d’arrêter cette course folle, pour me permettre
de me reconnecter avec la vie. C’est pour cette raison que j’ai décidé
depuis le début de voyager seul, car pour moi c’est dans le silence que
j’arrive à vivre des moments intimes avec Dieu. Marcher pour
moi est devenu une façon de prier. J’ai appris au cours des semaines à
oublier mon ego et à me mettre en état de recevoir. J’ai abandonné
l’idée de vouloir tout contrôler et j’ai laissé la vie se dérouler. Je
suis un croyant, je crois que Dieu est bon et doux. J’aime Le découvrir
et je pense qu’Il aime à être découvert. Il n’y a pas une seule journée
au cours de mon pèlerinage où Il ne s’est manifesté. Je l’ai vu dans
les autres pèlerins, dans la nature, dans mes amis, même dans ceux que
j’aimais moins. Je L’ai senti en moi, c’était comme un sentiment de
grande liberté, quelque chose d’inexprimable. J'ai découvert que
le bonheur était enfoui au fond de moi, il était caché derrière les
illusions que je m’étais fabriqué. Parmi elles, l'idée que pour être
heureux, il faut être renommé dans la vie, qu'il faut être admiré et
qu'il faut être sans défaut.J'ai désormais la conviction que je
suis aimé tel que je suis. Le pèlerinage m'a permis d'aller au fond de
moi-même et de découvrir que malgré mes défauts, mes préoccupations et
l'importance que j'accorde à mon ego, je peux avoir accès au bonheur. Écouter
quelqu'un qui essaie de vous dire quelque chose, vous laisser aller à
être ce que vous êtes réellement et ramasser toutes les pièces d'or que
vous trouverez sur le chemin afin que, lors de votre retour, votre cœur
ne fasse pas que battre, mais danse également.
Eric Morin |