Le confinement nous apprend à aller à l'essentiel, à se recentrer sur
soi-même (avec l'amour des autres, bien sûr! introspection ne veut pas
dire égoïsme), à faire un chemin à l'intérieur de soi, sans attestation
de déplacement dérogatoire, aller à sa propre rencontre. Me vient en
souvenir un vaillant pèlerin espagnol de 82 ans, Javier San Vincente
Garcia rencontré du côté de Ledigos sur le Camino Francès ... avec pour
seul bagage une besace ... oui une simple besace portée en bandoulière, il
me dit qu'au fil des 20000 kms sur deux décennies passées, entre
Santiago, Rome, etc, il avait appris à se "dépouiller", à se libérer de
ses peurs ... et son sac à dos s'était allégé au fil du temps, se libérer
de la peur d'avoir faim (retirons des boîtes de conserve) la peur
d'avoir froid (prenons une 2ème laine polaire on ne sait jamais!) la
peur d'être mouillé (faut prendre du change) la peur de se perdre (je
vais prendre aussi ce guide et cette carte) la peur de se blesser (je
prends aussi cette crème et ces comprimés) la peur de ne pas trouver un
hébergement (je prends une petite toile par précaution). Sur le Chemin,
on semble porter toutes les peines du monde, au début de nos
pérégrinations sur le Chemin, erreur de "jeunesse", le sac à dos nous
coupe les épaules, nous casse le dos ... Il faut apprendre à s'alléger, à
se "dénuder", se libérer du superficiel, du superflu, de l'artificiel
que les "vendeurs du Temple" veulent nous rendre indispensables et
vitaux dans ce nouveau monde virtuel et de surenchère. Le chemin est une
belle leçon d'humilité, il apprend à nous alléger, avec parfois le
sentiment d'être en lévitation, soulageant ainsi nos pieds, les
préservant des ampoules. Notre cheminement s'affranchit ainsi des
notions de kilogrammes et de kilomètres ... nous adoptons une nouvelle
échelle de temps et d'espace au milieu et dans l'intimité d'une Nature
qui est généreuse avec ceux qui savent encore, respectueusement,
regarder, et écouter. Merci à toi Javier San Vincente d'avoir partagé
avec moi la morale de ta vie, comme La Fontaine aimait les écrire ...
Christian |