Qu'est-ce donc que ce chemin ?
Quel film, quel livre, quel tour opérateur, quelle mystérieuse alchimie
jettent sur le chemin moult nationalités d' Europe, mais aussi d'Amérique,
du Canada ou d'Asie maintenant.
J'ai croisé voila peu une jeune Allemande partie de Bonn. Elle avait
parcouru plus de 1000 km en arrivant à Conques. Nombre de Suisses
partent de Genève. Les Canadiens qui ont leur propre pèlerinage viennent
sur les divers chemins français. J'ai marché plusieurs jours avec deux
Coréennes discrètes, souriantes, emmitouflées pour se protéger du
soleil.
De notre temps, tout un chacun a entendu parler du pèlerinage de
Compostelle : il a pris le pas, bien sûr, sur ceux plus anciens de
Rome, de Jérusalem, ou celui de Rocamadour.
Mon témoignage, un parmi tant d'autres, incitera peut être quelques
surpris, voire quelques curieux d'y aller voir de plus prés. Pèlerins
que j'ai côtoyés ou pas s'y retrouveront j'espère. L'envie même de
repartir leur titillera peut être bien le mollet, et surtout le cœur.
Aujourd'hui, aller à Santiago de Compostelle, qu'est-ce donc ?
Est-ce devenu une mode, au détriment purement cultuel du x° siècle?
Est-ce le besoin de s'éloigner pour un temps d'une société dans laquelle
les repères sont diffus, où l'égoïsme et l'individualisme prévalent?
Pressent-on par le truchement des témoignages et des ouvrages parus,
qu'il y a quelque chose à découvrir, à ressentir, à vivre tout
simplement, que celui parti randonneur rentrera pèlerin. Qui sait ?
Roger Baudin |