2019 – Cette fois, c’est par le chemin d’Arles que je veux cheminer
jusqu’à Fisterra. Se laisser porter par l’atmosphère du chemin. Se
laisser vivre, admirer le paysage, dans l’insouciance totale. Rien de
plus merveilleux ! Ce chemin nous apprend tous les jours à profiter du
moment présent et de tous ces instants invisibles qui pourtant sont un
trésor accumulé et sans prix. Que ce soit le partage d’un maigre repas
frugal, ou d’un hébergement de fortune dans une salle communale où je
peux fêter mon anniversaire avec un pèlerin compagnon occasionnel sur
une terrasse face au soleil couchant sur la chaîne des Pyrénées. Hélas,
après 800 km, la tendinite s’invite et m’oblige à abandonner, pour un
confinement prolongé.
En ce printemps, un deuxième confinement, imposé par le Covid 19, met à
nouveau à mal mon projet d’aller au bout de mon chemin. Mais n’est-ce
pas une chance plutôt ? Le temps s’étant arrêté, je peux regarder vivre
la nature. Je ne l’ai jamais vu aussi belle. Cette glycine, ces lilas en
fleurs, au parfum tellement odorant m’enveloppent. Jamais, je n’ai vu un
ciel si pur, comme si nous étions à la création de la terre, aucune
griffure de traînée blanche laissée par les avions. Le silence s’est
invité tous les jours de la semaine, accompagné du chant des oiseaux.
Saisissons cette chance du confinement pour vivre autrement,
intensément, pleinement le déconfinement. Je reprendrais le chemin
sûrement d’une autre manière en accordant une importance plus grande
encore aux rencontres du chemin, aux invisibles qui nous entourent et
sans qui la vie serait compliquée.
Jean-Yves |